Le Cannabis : fonctionnement et effets sur le cerveau

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Le cannabis, qu’est-ce que c’est ?

C’est une plante : le chanvre indien

La principale molécule psychoactive du cannabis est le THC (tétrahydrocannabinol). C’est cette molécule qui est inscrite sur la liste des stupéfiants. Le THC est responsable des effets du cannabis sur le système nerveux central. Il modifie la perception et les sensations.

La teneur en THC varie selon les produits consommés. Le cannabis consommé aujourd’hui a tendance à être de concentration plus élevée que par le passé.

Sous quelles formes est-il consommé ?

  • L’herbe (marijuana) : ce sont les tiges, les feuilles et les fleurs séchées du chanvre indien. Sa couleur peut aller du vert au brun. L’herbe se fume seule ou mélangée à du tabac, dans des cigarettes roulées, dans une pipe ou une pipe à eau.
  • Le haschich : c’est une résine compacte plus ou moins dure (de couleur brune, noire, verte ou jaunâtre selon les régions de production) qui se présente généralement sous forme de barrettes ou de boulettes. Le haschich est le plus souvent consomme mélange à du tabac et peut être coupé avec du henné, du cirage, de la paraffine ou d’autres substances plus ou moins toxiques.
  • L’huile : liquide visqueux et goudronneux, vert foncé, marron ou noir, très concentré en THC. Les consommateurs y trempent des cigarettes. Son usage est peu répandu en France.

Le cannabis est plus rarement consommé sous forme de gâteau (« space cake ») ou d’infusion.

Les chiffres clés

Le cannabis est, de loin, le produit illicite le plus consommé en France : environ un tiers des 18-64 ans et quatre jeunes de 17 ans sur dix (surtout les garçons) déclarent en avoir consommé au cours de la vie.

Des résultats d’enquêtes montrent des usages stables parmi les adultes et une légère baisse de l’expérimentation chez les plus jeunes. Les usages réguliers (dans l’année, dans le mois) continuent à diminuer (de plus en plus faiblement) depuis 2005 chez les jeunes mais la France reste l’un des pays européens où la proportion de consommateurs de cannabis chez les 15-16 ans est la plus élevée

En Europe, 80 millions de personnes ont déjà consommé du cannabis. La part des Français n'est pas négligeable : un tiers d'entre eux déjà ont fumé de la résine ou de l'herbe.

Les Français sont champions d’Europe de la consommation de cannabis. Sans surprise, les jeunes sont les plus gros consommateurs de drogue.

carte europe consommation cannabis

Les effets sur le cerveau – plus grande nocivité chez les jeunes

A l’origine des effets, le principe actif du cannabis, le THC agit sur le cerveau par l’intermédiaire des récepteurs cannabinoïdes CB1 situés sur les neurones.

En se fixant sur ces récepteurs, le THC les détourne de leur rôle physiologique qui consiste à réguler la prise alimentaire, le métabolisme, les processus cognitifs et le plaisir.

La sur-stimulation des récepteurs CB1 par le THC va en revanche provoquer une diminution des capacités de mémorisation, une démotivation et progressivement une forte dépendance.

schéma CB1 schéma cerveau

Les Français sous-estiment sa nocivité sur le cerveau

D’après un sondage Ifop,23 % des Français pensent que les effets sur le cerveau s’arrêtent juste après avoir arrêté de fumer.

Ils sont aussi nombreux à penser que le cannabis n’a pas de conséquences sur l’activité cérébrale à long terme. Dans le même temps, seulement deux personnes sur trois (65 %) considèrent que le cannabis présente des risques pour la santé dès la première consommation, tout en sachant que celle-ci intervient dès le collège (11-15 ans) pour un quart des adolescents.

Par ailleurs, 47,8 % des jeunes de 17 ans déclarent avoir fumé du cannabis au cours de leur vie (chiffres 2014 OFDT)

carte jeunes et cannabis

Une vulnérabilité exacerbée de l’adolescent

Des IRM cérébrales réalisées chez des usagers du cannabis montrent des altérations neurologiques qui varient selon l'âge du début de la consommation.

A l’adolescence, la formation de neurones s’intensifie, ce qui entraine une diminution de l’épaisseur du cortex. C’est aussi à cette période de la vie que le nombre de circonvolutions à la surface du cerveau augmente. Ces plis et bosses permettent de multiplier le nombre de neurones, de connexions dans un espace restreint.

« C’est un âge où le cerveau est un organe en transition vers l’état adulte », précise Etienne Hirsch, neurobiologiste français, directeur de recherche au CNRS et à l’INSERM.

« Les processus de maturation cérébrale se poursuivent jusqu’à 25 ans. De là résulte une vulnérabilité exacerbée de l’adolescent vis-à-vis de la neurotoxicité des substances psycho actives. »

Le cortex préfrontal, qui permet la prise de décision, l’adaptation du comportement à une situation, serait plus particulièrement concerné.

Dans les heures qui suivent l’usage du cannabis, les troubles observés concernent pèle mêle : l’attention, le temps de réaction, la mémoire de travail et les fonctions exécutives. Il existerait aussi une corrélation entre l’usage et plusieurs passages à l’acte : tentatives de suicide, boulimie, comportements sexuels à risques, selon plusieurs études.

Si ces troubles tendent à disparaître dans les mois qui suivent un arrêt de la consommation, « chez l’adolescent, ils peuvent persister », embraye le spécialiste, « y compris après sevrage si la consommation a commencé avant 15 ans ».

cerveau adolescent

Quels sont les effets et risques à court terme ?

Les effets varient d’une personne à l’autre, en fonction du produit, de la quantité consommée mais aussi du contexte de consommation (usage solitaire ou présence d’un entourage).

Les consommateurs recherchent un état de détente, de bien-être, d’euphorie et une modification des perceptions (par exemple, sensation de mieux entendre la musique). Les émotions et les sentiments sont décrits comme ressentis plus intensément.

Mais ces effets recherchés ne sont pas toujours obtenus. Et le cannabis peut avoir des effets moins agréables : yeux rouges, augmentation du rythme cardiaque (palpitations), diminution de la sécrétion salivaire (sensation de bouche sèche), sensation de faim...

Dans certaines situations ou chez des personnes plus fragiles, la consommation de cannabis peut provoquer une sensation de mal-être et d’anxiété, qui va parfois jusqu’au malaise : c’est le « bad trip ».

Les capacités de mémoire immédiate et de concentration, la perception visuelle, la vigilance et les réflexes chez les usagers, tant qu’ils sont sous l’effet du produit (de 2 à 10h selon les individus) sont modifiés.

Ces troubles persistent 24h après la consommation.

Ces effets peuvent rendre dangereuses l’utilisation d’outils et de machines et la conduite de véhicules. La prise combinée d’alcool et de cannabis augmente considérablement ces effets et donc les risques d’accidents.

Quels sont les effets et risques à long terme ?

Une consommation régulière de cannabis entraîne certains risques, en particulier pour les personnes les plus fragiles (physiquement ou psychologiquement).

  • Les risques sociaux

- Perte de motivation : pour le travail ou les études, les relations amicales ou familiales, les loisirs… Chez certains consommateurs réguliers, les effets du cannabis, le plaisir et la détente qu’il procure suffisent à occuper la vie, à se sentir bien sans rien faire.

- Isolement : fumer peut également servir à apaiser une souffrance, à mettre à distance des problèmes professionnels, scolaires, familiaux ou personnels. Les problèmes sont tenus à l’écart, évacués, mais pas confrontés et encore moins résolus. Le cannabis peut alors se substituer au dialogue et à la communication avec l’extérieur, avec le risque de restreindre ses relations, de s’enfermer dans sa « bulle ».

  • Les risques physiques

Pour le système respiratoire : l’association du tabac et du cannabis entraîne des cancers du poumon plus précoces que le tabac seul. La fumée du cannabis contient plus de substances cancérigènes que celle du tabac : elle est toxique pour le système respiratoire ; elle peut aussi favoriser les cancers de la gorge et de la bouche.

Pour le cœur : consommer du cannabis modifie le rythme cardiaque et peut être dangereux pour les personnes souffrant d’hypertension ou de maladies cardiovasculaires.

Pour le cerveau : des études récentes indiquent que la structure du cerveau peut être durablement altérée chez des adultes ayant eu une consommation importante de cannabis depuis un âge précoce.

Pour les gencives et les dents : gingivites (inflammation des gencives), parodontites (inflammation des tissus autour des dents), stomatites (inflammation de la muqueuse buccale) …

  • Les risques psychiques

Le cannabis diminue les capacités de mémoire immédiate, de concentration, de vigilance, de prise de décision et d’attention chez les consommateurs réguliers. Chez les jeunes, cela peut entraîner de sérieuses difficultés scolaires. Certaines de ces anomalies peuvent persister après l’arrêt du cannabis.

Chez certaines personnes fragiles, le cannabis peut engendrer ou aggraver un certain nombre de troubles psychiques comme l’anxiété, les crises de panique et favoriser la survenue d’une dépression.

Il peut aussi (plus rarement) provoquer une psychose cannabique (désordre mental caractérisé par des hallucinations ou des idées délirantes qui nécessitent une hospitalisation d’urgence en milieu psychiatrique).

Chez certaines personnes prédisposées, le cannabis peut également révéler ou aggraver les manifestations d’une maladie mentale grave : la schizophrénie.

Sources :

Pourquoidocteur : impact sur le cerveau

Pourquoidocteur: consommation des français

Sudouest

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