Zoom sur les femmes: conductrices, consommatrices

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9 mars 2016

En cette semaine particulière, nous avons voulu mettre à l’honneur les femmes : conductrices, consommatrices – égalités et inégalités au féminin.

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Les femmes au volant

En finir avec le dicton « femme au volant = mort au tournant »

Si les idées reçues ont parfois la vie dure, les chiffres, eux, sont sans appel. Sur la route, les femmes sont souvent des exemples dont les hommes devraient s’inspirer.

Plus prudentes, moins alcoolisées au volant, marquant une plus forte désapprobation vis-à-vis des comportements à risque…, les femmes sont moins accidentées que les hommes : en 2014, 25% d’entre elles étaient impliquées dans des accidents mortels en France contre 75% d’hommes.

Le Baromètre 2014 AXA Prévention fait apparaître que les Françaises ont une perception des comportements dangereux assez proche de celle des hommes, sauf sur les risques majeurs liés à l’alcool, la vitesse ou la fatigue, sur lesquels elles sont beaucoup plus prudentes. Elles respectent davantage le code de la route dans ces domaines.

Par exemple, seules 18% des conductrices prennent le volant après avoir bu plus de 2 verres de boisson alcoolisée, alors que 34% des hommes prennent ce risque.

En ville ou sur route, les femmes sont plus respectueuses des limitations de vitesse, en particulier les femmes de 50 à 64 ans, puisque 29% d’entre elles roulent trop vite (c’est le cas de 42% des femmes tous âges confondus, contre 49% des hommes qui déclarent rouler à 65 km/h en ville).

Cerise sur le gâteau, elles font profiter leur entourage de leurs bons comportements : 50% des femmes (contre 44% des hommes) déclarent encourager leurs proches, que ce soit par leur propre exemple ou lors de discussions, à éviter de prendre des risques sur la route.

Cependant, elles ne sont pas irréprochables pour autant. On observe même l’attitude inverse sur des infractions plus mineures : les conductrices sont par exemple encore plus nombreuses que les hommes à ne pas s’arrêter au feu orange. Cette infraction est commise par 77% des femmes interrogées et 75% des hommes. De même, elles relativisent le fait de slalomer pour changer de file fréquemment : 76% des conductrices pointent ce danger, désigné par 82% d’hommes.

Elles sont aussi plus accros aux SMS : 21% de femmes consultent ou envoient un SMS au volant, contre 15% des hommes.

femme au volant

Les femmes et les addictions aux substances licites et illicites

Les comportements d’usages de substances psychoactives (alcool, tabac, drogues et médicaments) diffèrent selon le sexe. D’une manière générale ils concernent plutôt les hommes et ce d’autant plus que les consommations sont intensives.

Il existe pourtant des nuances selon les produits :

Le tabagisme est un comportement sexuellement peu différencié au contraire de la consommation d’alcool. Si l’usage de cannabis demeure masculin il s’avère davantage féminisé que celui de l’alcool parmi les adultes.

Les hommes sont par ailleurs toujours plus nombreux à faire état d’expérimentations d’autres drogues illicites. Les médicaments psychotropes sont les seuls produits davantage consommés par les femmes.

tableau

Les femmes et l’alcool

Cela fait déjà plusieurs années que les femmes sont en train de rattraper les hommes en matière de consommation d'alcool. Elles consomment, en effet, bien plus souvent et en plus grandes quantités qu'autrefois.

Cette tendance est liée à l'accès actuel des femmes à des « privilèges » auparavant réservés à la gente masculine : un emploi, des revenus, les sorties, etc. Vue sous l'angle positif, la consommation d'alcool est une activité sociale sympathique dont profitent les « bons vivants ». Et de nombreuses femmes désirent aussi en profiter.

Mais y a-t-il des différences entre hommes et femmes en matière de consommation « excessive » ou « problématique » ?

D'un côté, on peut dire que non, car il s'agit dans les deux cas d'une habitude qui s'est ancrée et dont on perd le contrôle. D'un autre côté, il est tout de même possible d'observer certaines différences :

  • le corps des femmes réagit différemment à l'alcool,
  • les modes de consommation d'alcool peuvent varier ;
  • la consommation d'alcool peut avoir une autre signification.

Les différences au niveau du corps

Les femmes réagissent plus vite et plus intensément aux effets de l'alcool que les hommes et deviennent plus vite dépendantes. Elles sont, en moyenne, 20 à 30 % plus saoules pour une même quantité d'alcool.

Un verre standard d'alcool, qui en contient 10 grammes, conduit à un taux d'alcoolémie de 0,2 ‰ chez les hommes et 0,3 ‰ chez les femmes.

Ces dernières pèsent, en effet, en moyenne moins lourd, ont moins de tissu musculaire et moins de liquide présent dans leur organisme. Et l'écart se note également au niveau du métabolisme lui-même.

Le cœur pompe le sang à travers tout le corps et donc distribue l'alcool dans tout le liquide de l'organisme. Or celui-ci est de 34 litres en moyenne chez les femmes contre 42 litres pour les hommes. Par conséquent, à quantités égales, l'alcool sera contenu dans un volume de liquide plus réduit chez les femmes.

Et celles-ci ont aussi un plus petit foie, ce qui ralentit la décomposition de l'alcool.

On peut donc affirmer que les femmes sont plus vulnérables que les hommes face aux effets néfastes de l'alcool. En cas de consommation excessive, les dommages causés au foie sont plus graves et apparaissent aussi plus rapidement. Les femmes souffrent également plus vite de lésions cérébrales.

Enfin, il ne faut pas oublier les répercussions typiquement « féminines » en cas de consommation excessive : risques accrus de cancer du sein, dérèglement du cycle menstruel, risques plus élevés de fausse couche et syndrome d'alcoolisation fœtale.

Le syndrome d'alcoolisation fœtale

Les femmes enceintes qui consomment régulièrement de l'alcool prennent le risque de perturber le développement psychomoteur de leur enfant.

L'alcool traverse aisément la barrière placentaire, passant ainsi de la mère à l'enfant. Les concentrations d'éthanol dans le liquide amniotique et chez le fœtus atteignent alors des valeurs comparables à celles mesurées dans le sang maternel.

De plus, le taux en éthanol dans le lait maternel est de 10% plus élevé que dans le sang. Divers troubles peuvent se manifester chez l'enfant selon l'ampleur de l'intoxication : baisse du poids du bébé à la naissance, accouchement prématuré, troubles du comportement et même sévères anomalies du développement physique et psychologique.

Le syndrome d'alcoolisation fœtale apparaît pour des consommations d'alcool très élevées. Son incidence est estimée entre 0,5 et 3 pour 1000 naissances. Il se caractérise chez l'enfant par des malformations cranio-faciales, un retard de croissance et des handicaps comportementaux et cognitifs.
Le développement de tous les organes peut être contrarié par une exposition prénatale à l'alcool mais c'est sur le système nerveux central que l'éthanol exerce ses principaux effets (l'alcool attaquant directement les neurones).

De plus, d'après une étude américaine publiée dans la revue Alcoholism: Clinical and Experimental Research, l'alcool pendant la grossesse augmente également les risques de voir se développer des formes de dépendance à l'alcool chez l’enfant et aussi chez les petits-enfants (effets transgérationnels).

Un jugement plus sévère

La société juge différemment une femme qui boit excessivement par rapport à un homme.

Pour un homme, c'est acceptable, mais pour une femme, c'est moins bien vu. Il n'est donc pas surprenant que les femmes dissimulent plus volontiers leur consommation (excessive) d'alcool. Pour la même raison, les femmes attendent plus longtemps avant de demander de l'aide.

Les femmes sont aussi plus susceptibles de développer un sentiment de honte ou de culpabilité, ce qui explique aussi pourquoi elles tentent de cacher le problème.

D'autre part, d'après de nombreuses études, la consommation d'alcool est la plus forte chez l'homme vers 18-19 ans, alors que pour la femme c'est autour de 27 ans.

Une prévention ciblée ?

Du fait des différences mises en évidence entre hommes et femmes, tant en ce qui concerne les comportements d’usages que les représentations sociales, il apparaît légitime de s’interroger sur l’intérêt d’intervention de prévention qui soient propres à chaque sexe.

Hommes et femmes, adolescents ou adultes, témoignent de représentations sociales sexuées, largement exploitées au profit du « Gender Marketing », marketing social basé sur les références culturelles associées à chaque genre, de la part des industries de l’alcool et du tabac.


S’agissant de ces deux produits, quelques campagnes médias françaises se sont appuyées sur un ciblage masculin ou féminin, plutôt pour des publics adultes et souvent autour de la problématique des usages pendant la grossesse. Les campagnes destinées aux jeunes exploitent encore peu le genre comme filon de communication spécifique, en matière de drogues licites ou illicites.

gender marketing

Sources :

Association Prévention Routière

Aide-Alcool

ODFT

Axa Prévention

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