La Sexualité sous l’influence de drogues ou d’alcool

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Quels sont les risques de pratiquer sa sexualité dans un état lié à la consommation de substances qui changent nos perceptions?

Entre l’alcool qui parfois désinhibe, certaines drogues qui permettent des performances physiques et les réactions très personnelles de chacun à ses substances, à quoi faut-il faire attention?

La sexologue et psychologue Patrizia Anex nous livre ses réponses et nous apporte des pistes pour transmettre un message de prévention auprès des jeunes :

Extrait de l’émission « On en parle » du 11 février 2016 – Radio la Première     A ECOUTER ICI

Les étudiants consommateurs d'alcool, de tabac ou de drogues entrent plus tôt dans leur vie sexuelle

En moyenne, les jeunes ont leur premier rapport sexuel à l'âge de 17 ans. Mais, d'après une vaste enquête EmeVia/CSA les consommateurs de produits psychoactifs sont plus nombreux à avoir déjà tenté une expérience sexuelle.

85% des étudiants buveurs excessifs ont déjà démarré leur vie sexuelle, quand les non-buveurs ne sont que 48%.

Le constat est encore plus probant pour les fumeurs de tabac, avec 91% de jeunes concernés. Les non-fumeurs, eux, ne sont que 66% à avoir déjà connu le sexe.

Cette étude constate le même effet en ce qui concerne les fumeurs de cannabis (92% contre 62% des non-consommateurs).

"Une consommation quasi quotidienne de cannabis est déjà problématique. Or, des enquêtes montrent que le cannabis interagit avec les hormones sexuelles en diminuant, à long terme, les fonctions sexuelles", commente l'étude. 

EmeVia publie tous les deux ans une enquête santé réalisée auprès d'un échantillon de 44.269 étudiants.

La nouvelle tendance du «chemsex» ou sexe sous drogues

Connue sous l’abréviation «Chemsex» (contraction des mots anglais «chemical» pour «chimique» – et sexe), l’utilisation de substances psychotropes ou de drogues de synthèse lors d’un rapport sexuel est particulièrement courante chez les hommes homosexuels et les jeunes.

Le slam, la version « hard », qui consiste à s’injecter des produits de synthèse par intraveineuse est également de plus en plus pratiqué.

Avec les applications, les sites de rencontre et l'accès facile aux drogues sur internet, ces pratiques sont en fort développement. A tel point que le corps médical et le milieu associatif tirent la sonnette d'alarme et s'inquiètent des risques accrus de dépendance aux produits et de transmission du VIH et de l’hépatite C.

Les substances les plus utilisées pour pratiquer le «chemsex» sont le gamma-hydrox butyrate (connu sous le nom de GHB, parfois appelée «drogue du violeur»), le gamma-butyro lactone (GBL), et le crystal meth.

Prises ensemble, ces substances créent un sentiment d'euphorie et d'inhibition. Elles accélèrent le rythme cardiaque et augmentent la pression sanguine. Les utilisateurs rapportent qu'ils les prennent dans un but récréatif pour perdre toute retenue pendant l’acte sexuel.

 

Quels sont les risques ?

Des problèmes de dépendance

Les adeptes de cette pratique peuvent développer un problème de dépendance qui peut conduire à de sérieux problèmes de santé mentale, aux conséquences irréversibles.

Au-delà des risques de dépendance à ces produits, il y a également un risque d’addiction au sexe sous influence. L’individu peut, en effet, développerla certitude de ne pouvoir vivre leur sexualité qu’avec une prise de substances.

Un rapport sexuel non souhaité

Les individus sous emprise des produits psychoactifs peuvent se retrouver dans des situations non désirées ; être amenés à faire des actes non souhaités ou qu’ils n’auraient jamais fait en toute conscience (oubli du rapport au réveil, infidélité, pratiques sexuelles…) et avoir des regrets, ressentir de la honte et impacter l’estime de soi.

Cela peut engendrer des situations plus graves encore comme la violence ou le viol.

L’oubli ou la rupture du préservatif

La consommation d’alcool et drogues altère la vigilance et la perception du risque.

C’est ainsi un facteur majeur des rapports sexuels à risque : rapports mal ou non protégés (absence, retrait ou mauvaise pose du préservatif) et oubli de la pilule

La déshydratation

Certaines substances provoquent aussi la déshydratation de l’organisme. Chez la femme, cela peut entrainer un asséchement des muqueuses et donc une irritation, des douleurs pendant et après le rapport et parfois la rupture du préservatif.

Un risque beaucoup plus élevé de contracter le VIH

Cette association pourrait en outre accentuer de façon massive les infections par le VIH, le virus responsable du sida mais également aux autres Infections Sexuellement Transmissibles (IST) et hépatites.

En effet, plongés dans un état second, les usagers ont plus tendance à avoir des relations sexuelles non protégées.

De plus, ils peuvent ne pas manger ou dormir pendant de longues périodes pouvant parfois aller jusqu’à 72 heures. Des «black out» qui peuvent retarder d’autant le traitement post-exposition au VIH (un traitement d’urgence qui diminue les risques de contamination et qui doit être pris dans les 48 heures ndlr).

L’information et la prévention auprès des jeunes : un enjeu

La prévention et l'information auprès des adolescents, des étudiants et jeunes adultes mais également les personnes concernées par le VIH sont primordiales afin de les sensibiliser aux risques de cette association « alcool-drogues et relations sexuelles » et apporter les informations indispensables à l’éducation sexuelle.

Notre boutique Lunettes Simulation Alcoolémie a décidé d’agir en apportant un outil pédagogique à destination des intervenants, professionnels de santé, professeurs – chefs d’établissement et infirmières scolaires, associations, services spécialisés, planning familiale, milieux festifs…

Tous les acteurs dans et hors milieu scolaire qui sont en contact avec les jeunes et étudiants pour aborder cette thématique plus facilement et élargir l’information et la prévention sur la contraception, les produits psychoactifs, les IST/VIH, les risques de grossesse non désirée…

Découvrez notre pack Sexualité sous emprise de l'alcool ou drogues

A consulter également le référentiel de l’IREPS de Haute Normandie :

« Pour une éducation à la vie affective et sexuelle »: A télécharger

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